De plus en plus de personnes travaillent depuis leur domicile, qu’il s’agisse de télétravailleurs, d’indépendants, d’artisans, de micro-entrepreneurs ou même de salariés utilisant régulièrement du matériel fourni par leur entreprise. Ordinateurs, écrans, outils, imprimantes, stock, prototypes, instruments spécialisés… ces biens professionnels représentent une valeur importante et peuvent être exposés à divers risques : vol, incendie, dégât des eaux, bris accidentel, vandalisme, ou encore perte liée à un sinistre majeur. Pourtant, beaucoup d’assurés s’imaginent, à tort, que leur assurance habitation couvre automatiquement ces équipements. La réalité est plus complexe : selon les contrats, ces biens peuvent être partiellement couverts, totalement exclus, ou nécessiter une extension spécifique.
Cet article fait le point en détail sur la prise en charge des biens professionnels à domicile, les limites, les exclusions, les garanties à souscrire, les démarches et les bonnes pratiques pour éviter les mauvaises surprises en cas de sinistre.
Assurance habitation : couvre-t-elle automatiquement les biens professionnels ?
Dans la majorité des contrats, l’assurance habitation est pensée pour protéger les biens personnels, pas les équipements ou stocks dédiés à une activité professionnelle. L’assureur considère que les biens liés au travail présentent un risque différent, souvent plus élevé, et nécessitent donc une couverture spécifique. Résultat : la plupart des contrats standards excluent totalement les biens professionnels, sauf de rares exceptions où une petite valeur est prise en charge, généralement entre 500 € et 1 500 €.
Cette exclusion est presque systématique, car l’assureur calcule la prime sur la base d’un usage strictement privé du logement. L’activité professionnelle, même légère, peut modifier le niveau d’exposition au risque : augmentation du matériel présent, stockage d’outils, allées et venues de clients, utilisation de machines, etc. Ainsi, un sinistre impliquant du matériel professionnel non déclaré peut entraîner un refus d’indemnisation, même si le sinistre touche également des biens personnels.
Pour les salariés, certains contrats peuvent couvrir le matériel prêté par l’employeur, mais uniquement dans le cadre d’un usage défini et sous conditions strictes. Pour les indépendants, auto-entrepreneurs, artisans ou professions libérales, le matériel professionnel est presque toujours exclu, tout comme les stocks ou produits destinés à la vente.
Quels biens professionnels peuvent être concernés ? Matériel, outils, stock, documents…
Les biens professionnels présents à domicile peuvent être très variés, et leur valeur totale peut rapidement atteindre plusieurs milliers d’euros. Les équipements concernés sont par exemple :
- Ordinateurs portables, tours, tablettes, écrans
- Imprimantes, scanners, appareils photo
- Outils professionnels (électricien, plombier, coiffeur, styliste, etc.)
- Instruments et appareils techniques (microscope, matériel d’enregistrement, outils de mesure…)
- Équipements médicaux ou paramédicaux
- Produits destinés à la vente, merchandising, prototypes
- Documents importants, dossiers clients, fichiers sensibles
- Mobilier professionnel (bureau, chaise ergonomique, lampes spécialisées…)
Or, le risque assuré dépend directement de la nature du bien. Le vol d’un ordinateur n’est pas traité comme le vol d’un stock de marchandises ; les assureurs appliquent des règles différentes selon la valeur, la fréquence d’utilisation, la dangerosité potentielle ou la facilité de revente. C’est pour cela que la plupart imposent une clause spécifique pour tous biens destinés à une activité professionnelle.
Les documents professionnels sont un autre point sensible : leur valeur financière peut être difficile à estimer. Certains devis, contrats ou dossiers confidentiels peuvent même entraîner des pertes importantes en cas de destruction. Les assurances habitation classiques ne couvrent généralement pas la reconstitution de fichiers ou de documents liés à l’activité.
Quelles sont les limites et exclusions les plus fréquentes pour les biens professionnels ?
Lorsqu’un contrat habitation couvre partiellement les biens professionnels, cette prise en charge est presque toujours encadrée par des limites strictes. Voici les exclusions les plus courantes :
Limites de valeur
De nombreux contrats prévoient un plafond :
- plafonds bas (200 € à 1 500 € en moyenne)
- plafond global et non par sinistre
- exclusion du stock, souvent considéré comme un bien commercial
- Exclusions liées au type de matériel
Certains équipements sont rarement couverts :
- outils spécialisés ou dangereux
- appareils coûteux (caméras professionnelles, matériel médical…)
- prototypes ou objets non commercialisés
- Exclusions liées au sinistre
Le matériel professionnel peut ne pas être couvert dans certains cas :
- vol sans effraction
- dégât des eaux lié à une canalisation extérieure
- sinistre survenant lors d’une activité professionnelle (ex : manipulation d’un appareil)
- incendie causé par un appareil professionnel non conforme
- Exclusion du stock professionnel
Quasiment systématique, car considéré comme un bien marchand devant relever d’une assurance RC Pro ou d’une assurance entreprise.
Ces exclusions montrent l’importance de lire attentivement les conditions générales et de déclarer la présence de matériel professionnel à domicile. En cas de sinistre, un non-respect des déclarations peut conduire à une réduction de l’indemnisation, voire à un refus.
Comment bien assurer ses biens professionnels à domicile ? (Assurance dédiée, options, extensions)
Pour être correctement couvert, plusieurs solutions existent selon la nature de l’activité :
Demander une extension de garantie à son assurance habitation
Certains assureurs proposent une option spécifique « biens professionnels à domicile ». Elle permet d’ajouter une valeur déclarée de matériel ou de stock au contrat habitation.
Avantages :
- coût modéré
- couverture simple
- ajout possible sur un contrat existant
Limites :
- montants plafonnés
- exclusions sur les activités présentant un risque élevé
Souscrire une assurance multirisque professionnelle (MRP)
C’est la solution la plus complète pour les indépendants et auto-entrepreneurs. Elle couvre :
- matériel professionnel
- stock
- locaux professionnels (si activité à domicile)
- RC professionnelle
- perte d’exploitation
C’est indispensable pour les métiers où le matériel représente une valeur importante ou où les risques sont élevés (artisanat, photographie, informatique…).
Vérifier la couverture fournie par l’employeur
Pour un salarié, le matériel fourni peut être assuré par l’entreprise.
Il faut vérifier :
- si l’usage hors des locaux est autorisé
- si le matériel est couvert contre le vol à domicile
- si un sinistre doit être déclaré par l’employeur
- Chaque situation nécessite un échange clair avec le service RH ou la direction.
Comment fonctionne l’indemnisation des biens professionnels en cas de sinistre ?
L’indemnisation dépend du contrat spécifique souscrit. Les assureurs peuvent proposer :
1. Indemnisation en valeur d’usage
Le matériel est remboursé en tenant compte de sa vétusté. Un ordinateur de 4 ans, par exemple, peut être indemnisé à 20 ou 30 % de sa valeur neuve.
2. Indemnisation en valeur à neuf
Plus rare, mais proposée dans certains contrats.
Elle permet un remboursement sur la base du prix d’achat actuel.
3. Exigence de justificatifs
Pour être indemnisé, l’assuré doit fournir :
- factures d’achat
- preuve de la valeur du stock
- preuves de l’activité professionnelle
- photos ou inventaire
Sans ces éléments, l’indemnisation peut être fortement réduite.
L’assureur peut également missionner un expert pour évaluer les dommages, surtout lorsque la valeur des biens est importante.
Télétravail, micro-entreprise, artisan : chaque profil a des besoins différents
1. Télétravailleurs salariés
Ils doivent vérifier :
- la couverture du matériel fourni
- la responsabilité en cas de sinistre
- les limitations géographiques (domicile uniquement ? déplacements ?)
2. Auto-entrepreneurs
Ils doivent absolument déclarer le matériel professionnel et souvent souscrire une MRP, surtout s’ils détiennent du stock ou reçoivent des clients à domicile.
3. Artisans et professions libérales
Matériel coûteux, appareils spécifiques, risques accrus : une assurance professionnelle complète est indispensable.
4. Coachs, artistes, formateurs
Les biens peuvent sembler personnels (instruments, matériel de musique, écran, bureau…), mais leur usage professionnel nécessite une couverture adaptée.
Bonnes pratiques pour protéger ses biens professionnels à domicile
Pour éviter les mauvaises surprises :
déclarer tout matériel professionnel à son assureur
conserver les factures et suivre la valeur du matériel
inventorier régulièrement ses biens
sécuriser le domicile (alarme, serrure, coffre…)
séparer matériel personnel et matériel professionnel
éviter de stocker des marchandises à forte valeur
Ces gestes simples permettent de réduire le risque mais aussi de faciliter l’indemnisation en cas de sinistre.
FAQ — Biens professionnels à domicile et assurance habitation
Les biens professionnels sont-ils automatiquement couverts par l’assurance habitation ?
Non, l’assurance habitation ne couvre généralement pas les biens professionnels. La plupart des contrats exigent une extension spécifique ou une assurance dédiée pour protéger ce type d’équipement.
Le stock professionnel est-il assuré à domicile ?
Dans la quasi-totalité des cas, le stock est exclu. Il doit être déclaré dans une assurance professionnelle adaptée, notamment pour les auto-entrepreneurs ou commerçants.
Le matériel fourni par mon employeur est-il couvert ?
Cela dépend du contrat de l’entreprise. Certains employeurs assurent le matériel hors des locaux, mais d’autres imposent des restrictions strictes. Il est important de vérifier avec le service RH.
Comment obtenir une indemnisation en cas de sinistre ?
Il faut fournir les preuves d’achat, la valeur du matériel, un inventaire et les documents liés à l’activité professionnelle. Sans justificatifs, l’indemnisation peut être refusée ou réduite.
Quelle assurance choisir si je travaille depuis chez moi ?
Un télétravailleur salarié peut se contenter d’une extension de garantie, mais un indépendant a tout intérêt à souscrire une multirisque professionnelle. Ce contrat couvre matériel, stock et responsabilité civile.